Histoire et patrimoine
L’histoire d’une commune forge son identité. Découvrez celle de Saint-Just-Luzac, ancienne île du Golfe de Saintonge…
Photographies de Saint-Just-Luzac au 20ème siècle
Il était une fois Saint-Just-Luzac
Le promontoire calcaire de Saint-Just-Luzac, dès l’époque gallo-romaine, était prisé pour sa position géographique dominant vers le nord l’ancien Golfe de Saintonge et longeant au sud l’embouchure de la Seudre. Cet axe stratégique, par sa possibilité de commerce maritime et fluvial attire les romains : des fouilles archéologiques ont permis de retrouver des vestiges de « villae » (villas) à Mauzac, Luzac, Artouan et La Puisade.
Le sel, déjà exploité à cette époque, va apporter au cours du temps et surtout au début du 16ème siècle une richesse phénoménale à tout le « Pays des Isles » (le bassin de Marennes, la presqu’île d’Arvert, l’île d’Oléron) et plus particulièrement à St-Just.Les villages en bordure de marais restent aujourd’hui le symbole du commerce de « l’or blanc » (le sel), qui s’effectuait dans chaque hameau qui possédait son propre petit port. Durant l’époque médiévale, l’agriculture est également venue s’ajouter à l’activité salicole, cette fois-ci valorisant la production de céréales et le développement des vignes. Les salines du marais de Brouage progressivement envasées depuis le 17ème siècle, sont devenus des marais gâts très insalubres jusqu’à l’intervention du Sous-Préfet Le Terme qui en organise l’assainissement dans les années 1820 et favorise ainsi l’élevage.
Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que le commerce du sel a définitivement été remplacé par l’ostréiculture, dont la renommée s’est étendue au fil du temps. Les « salines » ont été gommées par les parcs ostréicoles. Les « claires », ces bassins d’affinage des huîtres, sont toujours présentes au cœur des marais.
Les antagonismes religieux
L’histoire de St-Just-Luzac est profondément marquée par les antagonismes entre catholiques et protestants. Arrivés au Pays des Iles vers 1544, les moines prêcheurs (Philippe Barat à St Just) vont convertir de nombreux habitants à la « Religion Prétendue Réformée », dont beaucoup de marins et gens lettrés. Suivent les luttes fratricides des guerres de religion, qui vont ruiner la Saintonge en cinquante ans. Après l’Edit de Nantes, une période de paix relative, puis l’interprétation de plus en plus restrictive et répressive des droits des protestants, vont se terminer par l’abrogation de l’Edit de Nantes en 1685. L’absence de baptême et de mariage catholique empêche l’existence civile et l’enterrement au cimetière. Le temple de St Just est détruit en 1686. Sous la contrainte de nombreux Saint-Justais de la RPR abjurent leur religion, d’autres s’enfuient aux « pays du Refuge ». Pour ceux qui restent c’est « l’Eglise du désert » : réprimés les protestants se réunissent en cachette pour le prône, en particulier à Artouan et à Luzac. Malgré l’interdiction le pasteur Gibert établit une maison d’oraison à Luzac. Ce n’est qu’en 1787 que les protestants recouvreront leurs droits, en particulier celui d’être enterrés au cimetière, dès lors à Mauzac.
Au 19ème siècle une certaine rivalité va opposer les tenants des deux religions, surtout pour la scolarité des enfants, matérialisée par la répartition préférentielle des catholiques à St Just et des protestants à Luzac et Mauzac, l’édification du temple en 1830 et la création de l’école protestante privée puis communale de Luzac.
De Saint-Just (et Luzac ) à… Saint-Just-Luzac
Il n’y a jamais eu qu’une seule commune sur le territoire de Saint-Just-Luzac. Initialement appelée Saint-Just, créée en 1790 sur le territoire de la paroisse catholique du même nom, elle englobe, entre autres, les deux bourgs de St Just et de Luzac. St Just est le chef-lieu de la commune.
Pour éviter les confusions postales entre les différents St Just de France, le Conseil municipal demande en 1962 que « Luzac » complète le nom original. La décision parait au journal officiel en 1965. On a voulu y voir la réconciliation heureuse entre ces deux parties de la commune.- Le saviez-vous ? Saint-Just tirerait son nom d’un évangélisateur de la Saintonge et du Poitou. Luzac serait quand à lui un dérivé de Lucius et du suffixe latin -acum, qui indique la possession, et signifiant donc littéralement « la villa gallo-romaine de Lucius ».
Le patrimoine témoin de l’histoire
Si l’environnement se modifie au cours des siècles, certains éléments patrimoniaux restent aujourd’hui de forts témoins de l’histoire de Saint-Just-Luzac. Parmi eux :
- L’Église gothique de Saint-Just ;
. Les restes de la villa gallo-romaine de Pépiron
. Le moulin des Loges, moulin à marée, à Mauzac
. le cimetière et le temple protestant aujourd’hui désaffecté.
- La cloche du 1er temple tinte au clocher de l’Eglise Saint-Louis de Bourcefranc-
- La stèle à proximité du Pont de la Bergère, en mémoire des résistants fusillés ou déportés par l’armée nazie en 1943, suite à un parachutage d’armes.
La devise de la commune
Justus ut palma florebit ; Le Juste fleurira comme un palmier
La devise de la commune est tirée des Psaumes 92 :13,14. Le palmier est un arbre qui fleurit et offre ses fruits malgré des conditions climatiques peu favorables (soleil brûlant, rareté de l’eau). Il s’agit d’une devise qui valorise la force et la résistance.